Lacloche, joaillier à redécouvrir

Aujourd’hui oubliée du grand public, la maison Lacloche fut longtemps l’un des noms les plus emblématiques de la joaillerie française. L’école des arts joailliers lui rend hommage dans une exposition à visiter jusqu’au 20 décembre.

L’histoire des joailleries Lacloche commence en 1890, lorsque Léopold Lacloche, fils d’un marchand de tissu, ouvre une petite bijouterie à Bruxelles. Deux ans plus tard, il s’installe à Paris avec son frère Jules pour fonder la société Lacloche Frères, fabricant joailliers, rue de Châteaudun. Il ne leur faut que 6 ans pour s’associer avec un joaillier parisien réputé, Louis Gompers, également beau-frère par alliance de Léopold (celui-ci a eu la bonne idée d’épouser la sœur de Louis). Louis Gompers ouvrira aux Lacloche les portes de son établissement place Vendôme, ainsi que de ses succursales à Trouville, Nice, Monaco, Aix-les-Bains ou Ostende. (Pour l’anecdote, signalons que Louis-Ferdinand Destouches, alias Céline, fut à 17 ans commis dans le magasin niçois des Lacloche).

Bracelet en diamants Lacloche
Bracelet en diamants, onyx et rubis taillés en cabochons, 1925. Collection Privée. © 2019 Christie’s Images Limited

De la gloire des Années Folles…

L’affaire est lancée, sous un tropisme décidément familial, puisqu’en 1895, deux autres frères Lacloche Jacques et Fernand, ouvrent boutique à Madrid. Ils exportent la production parisienne auprès de la haute société madrilène. Ce succès encourage la poursuite du développement international de la Maison Lacloche. Une boutique est ouverte à Buenos Aires par la sœur aînée ; une autre voit le jour à Londres, en 1904. La Maison Lacloche en profite pour se présenter auprès des Britanniques comme les « fournisseurs de la famille royale espagnole ».

Il n’en fallait pas plus pour déchaîner la passion des Anglais. L’affaire londonienne remporte un tel succès qu’elle permet aux Lacloche d’acquérir le stock anglais de Fabergé. Les grandes fortunes de l’époque défilent dans les magasins de Londres et de Paris. Les Lacloche et leurs épouses deviennent des personnalités mondaines en vue. Ils en profitent pour ouvrir de nouveaux magasins à Deauville et à Cannes.

Poudrier Lacloche
Poudrier, émail, or et diamants.LA Collection Privée. Photo Bonhams

Les Années Folles seront celles de la consécration de la joaillerie Lacloche. En 1925, elle participe à Paris à l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, qui donnera son nom au genre « Art Déco ».  Exposés en plein cœur du Grand Palais, aux côtés de Cartier, Van Cleef & Arpels, les bijoux Lacloche reçoivent le Grand Prix de l’exposition.

1930 sera à la fois l’apogée et le début du déclin des Lacloche. Cette année-là, le Duc de Westminster, considéré à l’époque comme l’homme le plus riche d’Angleterre, commande une tiare Lacloche qu’il souhaite offrir à Loelia Ponsonby, sa troisième épouse, à l’occasion de leur mariage. Un an plus tard la joaillerie déposera pourtant son bilan, entraîné dans sa chute par le démon du jeu qui s’était emparé de la famille Lacloche. Non seulement le Duc de Westminster, qui tardait à honorer ses traites, devait toujours aux Lacloche la somme – considérable pour l’époque – de 1,2 million de francs, mais surtout la fortune laissée aux casinos aura raison de la flamboyance et de la créativité des Lacloche.

Broche Lacloche en rubis suiffés, émeraudes, diamants, émail noir et platine, 1925.
Broche, rubis suiffés, émeraudes, diamants, émail noir et platine, 1925.Photo Bonhams.

… à la renaissance, puis à l’oubli de bijoux Lacloche

L’un des neveux des fondateurs, Jacques, décide pourtant de relancer l’affaire. Il loue une vitrine à l’hôtel Carlton de Cannes, avant d’inaugurer en 1938 un nouveau magasin Place Vendôme à Paris, puis une boutique à Cannes. C’est le retour du succès, et les grands noms de l’époque, comme le prince Ali Khan ou Rita Hayworth, se précipitent à nouveaux. Jacques Lacloche réalisera également plusieurs bijoux pour Grace Kelly, commandés par le prince Rainier. Il sera aussi le premier joaillier à lancer un parfum à son nom, le N°1 et son flacon en forme de Cloche.

Ce grand créateur et esthète se passionne aussi pour l’art contemporain et le design. Au point de choisir de fermer sa bijouterie en 1967 pour ouvrir une galerie rue de Grenelle. Ce choix mettra définitivement fin à 75 ans d’une exceptionnelle aventure joaillière.

Les bijoux Lacloche, précieux témoignage de l’air du temps

L’exposition proposée par l’École des arts Joailliers est la première consacrée à l’œuvre des Lacloche. Les 72 pièces exceptionnelles, pour la plupart issues de collections privées, sont autant de témoignages historiques. Chaque bijou est emblématique des goûts et de l’esprit de son temps. Les premières pièces reprennent le naturalisme qui imprègne l’Art nouveau du début du XXème siècle. Plus tard, au temps des années folles, les bijoux Lacloche sont une ode à l’Extrême-Orient et à l’égyptomanie qui s’emparent alors du monde de la mode et de la parure. Sans parler du modernisme de l’Art Déco, dont Lacloche fut l’un des joailliers les plus représentatifs. Au-delà de la rencontre avec la virtuosité de l’artisan et la magnificence de ses bijoux, c’est aussi à une plongée éblouissante dans l’esprit des époques traversées par la saga Lacloche que nous convie cette exposition.

Laurence Mouillefarine, commissaire de l’exposition « Lacloche Joailliers», nous en dit plus sur l’histoire de la Maison Lacloche.

Lacloche, joailliers, 1892 – 1967, exposition du 23 octobre au 20 décembre 2019. Entrée libre du lundi au samedi de 12 heures à 19 heures. A l’École des arts Joailliers 31, rue Danielle Casanova, 75001, Paris

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